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Le Milieu du Grand Banditisme Français

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lunik-parrain

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Claude le Gros, Francis le Belge, les Gazianni, les Guérini, les Zemmour, Boualem Talata, Jacky le Mat, Tany Zampa, les Hornec, Marc Monge, Paul Mondoloni, Jo Renucci, Paulo Leca, Ahmed Otmane, Karim Reguig, Paul Carbone, François Spirito...

Pas tout le Milieu, mais de quoi en savoir un minimum sur certaines personnes qui ont écrite des pages importantes d'un livre qui n'est pas près de se refermer. Un livre fait d'amitiés et de trahisons, de guerres fratricides et d'affrontements claniques, de violence et de règlements de compte, d'armes et d'argent sale, de strass et de paillettes, de luxe et de prison, de gros voyous et de "beaux mecs", de caïds et de seconds couteaux, de parrains et de juges de paix, de plaisir et de regrets... de beaucoup de regrets...

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Les Frères Zemour - Deuxième Partie : L'Ascension (1965-1972)

Les Zemour Partie 1 - Les Débuts (1945-1965)
Les Zemour Partie 3 - La Guerre des Gangs (1973-1976)
Les Zemour Partie 4 - La Fin du Clan (1976-1982)


LE FAUBOURG EN DEUIL, LES Z PRENNENT LA MAIN

 
Les Frères Zemour - Deuxième Partie : L'Ascension (1965-1972)Le 2 octobre 1965 Sion Atlan, le respecté juge de paix du quartier du Faubourg-Montmartre, passe sa soirée au Poussin Bleu, café-restaurant de la rue Geoffroy Marie dont il est le patron officieux, à boire du champagne et jouer aux cartes avec des amis. Aux alentours de deux heures du matin deux hommes aux visages masqués font subitement irruption dans l'établissement, l'un armé d'un pistolet automatique et l'autre d'un fusil à pompe, et crachent la mort sur Sion et les deux hommes qui sont attablés avec lui, son porte flingue Albert Harroch, oranais de 29 ans rapatrié d'Algérie, et Richard Bensadoun, taximan ayant fricoté avec l'OAS. Une quinzaine de balles sont tirés, puis une dernière, à bout touchant, est réservée à la nuque du caïd. Bilan : trois morts.
 
Très rapidement dans le faubourg Montmartre c'est la panique : on a osé tuer Sion Atlan. Mais qui ? Mystère. En sa qualité de juge de paix il était mêlé à beaucoup d'histoires ici et là, et son meurtre peut très bien être le fait de vindicatifs mécontents de l'une de ses sentences. On parle notamment de l'équipe Perret dont les trois frères sont pourtant tous en prison pour de courtes peines au moment des faits. Le tout est que sa tête décapitée, le clan Atlan commence de péricliter et ce sont leurs alliés les Zemour qui tirent leur épingle du jeu. On commence à reprendre les domaines "protégés" par Sion petit à petit, sans heurts notables. Une année passe et les Z sont en train de devenir les nouveaux boss du coin, bien que les Perret les attendent au tournant. A la fin de l'année 66 ils vont se manquer mais les Z, eux, ne les manqueront pas.
 
C'est à cette époque que l'association Perret-Atlan dans le commerce de vins et spiritueux de la Madeleine bat de l'aile, les premiers décidant de rompre le contrat, sans doute suite suite à un différent sur des affaires de racket. Les Frères Zemour - Deuxième Partie : L'Ascension (1965-1972)René Atlan, très remonté, aurait alors crûment injurié la Mère Léo, la matrone du clan adverse, ce que ses fils ne pouvaient pas laisser passer. Le 21 décembre 1966 lorsque Gilbert Perret apprend que René Atlan se trouve à deux pas du bar louche de la rue de Trévises où il passe alors la soirée avec une partie de son équipe, il part tout de suite en virée avec ses hommes pour lui faire payer les mauvaises paroles lancées à sa mère. Quelques heures plus tard l'affaire est réglée : le gibier, repéré au Bon Coin rue Choron, a  été abattu de huit balles de 11,43. Cette fois-ci pas de doutes : l'offensive vient des Perret, ces "demi-juifs" peu appréciés dans le quartier, qui ont vraisemblablement été aiguillés par Lucien Sans dit Bouboule pour exécuter leur sombre besogne. Les Zemour se font alors un devoir de réparer les torts en vengeant leur ami René.
 
Un mois plus tard, le 27 janvier 1967, Gilbert et Clément Perret ainsi qu'une bonne partie de l'équipe sont réunis rue d'Abbeville au domicile de la Mère Léo à faire la fête. Ben Loulou "La Volige" est le premier à quitter ses amis. A tout jamais : il est en fait discrètement enlevé, et son corps sera retrouvé le lendemain matin percé de douze impacts sur la banquette arrière de sa voiture. Un peu plus tard dans la soirée c'est Jean-Claude Flerschinger qui prend congés du groupe et s'apprête à gagner sa voiture lorsqu'il aperçoit une DS Citroën qui attire son attention. Repérés, ses occupants lui tire dessus avant de s'enfuir en quatrième vitesse. Flerschinger s'écroule tordu de douleur, atteint d'une balle aux parties. Alertés, les Perret décident alors de décamper et partent se barricader au domicile de Clément à Fontenay-le-Fleury dans les Yvelines accompagnés de Ninan Perrier, Roger Ferrand et Séraphin Meacci, qui sur la route se font prendre en chasse et canarder par l'équipe Zemour, sans dommages. Ils sont rejoints le lendemain par Michel Laurent et Jean Fouillat pour préparer le match retour, puis le surlendemain par...la Brigade Antigang qui serre tout le monde. Direction quelques mois au trou pour ports d'armes. Quelques mois qui suffisent aux Zemour pour prendre encore un peu plus d'ampleur, et lorsque les Perret and Co sortent de prison ils comprennent que les rues de la capitale ne sont plus très sûres pour eux. Leur mère décolle pour Saint-Martin-de-Ré où son fils Marius est alors emprisonné, tandis que Gilbert et Clément partent se mettre au vert en Bretagne avant d'entrer au service du GAL (Groupe Antiterroriste de Libération), organisation clandestine espagnole chargée d'éliminer discrètement les membres de l'ETA. Le 16 août 1985 les indépendantistes basques ciblent les deux frères à Castellon de la Plan dans un guet-apens dont Clément ne sortira pas vivant. Fin des Perret. Mais reste encore pour les Zemour à s'occuper de Bouboule alias Lucien Sans, celui qui a téléguidé à distance l'assassinat de René Atlan et qui se cache alors sur la Côte d'Azur. Le 2 mai 1967 plusieurs balles de calibre 7,65 viennent se figer dans sa graisse alors qu'il se trouve dans un cabaret de Juan-Les-Pins, vraisemblablement tirées par Raphaël Dadoun épaulé par Gilbert Zemour. Il s'en sort miraculeusement mais à peine remis sur pied s'envole immédiatement pour l'Amérique du Sud où il s'activera dans le trafic d'héroïne à destination des Etats-Unis, intégrant le célèbre réseau d'Auguste Ricord (l'un des plus importants de la French Connection), tout en enchaînant les séjours en prison. Après cinq cadavres et trois blessés graves, la guerre du Faubourg est terminée.
 
Les Zemour ont désormais les coudés franches et deviennent les nouveaux patrons du Faubourg Montmartre, et lorgnent sur Belleville où Gilbert a ses habitudes. C'est à cette époque aussi que, se sentant assez forts, ils se lancent dans la protection des tenanciers d'hôtels de passe, LE secteur des très grosses équipes du Milieu. Les Frères Zemour - Deuxième Partie : L'Ascension (1965-1972)La mamelle de la pègre française de l'époque c'est en effet le proxénétisme, ces demoiselles étant placées par leurs macs dans des hôtels de passe plus ou moins renommés selon la réputation de leur homme, tapinant en bas et montant faire leurs affaires dans les chambres réservées, payant à chaque montée une taxe au gérant. Au-dessus du gérant il y a le tenancier, parfois de petite envergure, d'autres fois beaucoup plus important et à la tête d'un véritable parc hôtelier. Et au-dessus de ces tenanciers on a les équipes de voyous qui les protègent contre un pourcentage des revenus faramineux du bizness, faisant de ces hommes des quasi-intouchables dans le Milieu tant les gangs qui leur sont associés sont craints par leurs pairs. Les Zemour font désormais partie de cette caste-là. Ils n'hésitent pas par ailleurs à racketter un certain nombre de commerçants de la communauté, non pas de manière systématique comme on peut le voir avec certaines organisations criminelles à l'étranger mais saisissant les opportunités à la faveur d'un service rendu, d'une dette non réglée ou d'une embrouille créée de toute pièce. En 1967 ils auraient même prélevé un impôt sur les juifs du quartier pour participer à l'effort israélien pendant la Guerre des Six jours. Les Frères Zemour - Deuxième Partie : L'Ascension (1965-1972)On les voit aussi, pendant la contre-manifestation gaulliste de mai 1968, aux côtés d'André Malraux et Michel Debré assuré avec d'autres le service d'ordre des ministres. C'est aussi à cette époque qu'ils mettent la main sur plusieurs tripots clandestins, notamment Gilbert qui devient le patron d'un flambe du Boulevard Belleville lié au bar d'un certain Tahar dit Robert le Dingue et dont il a confié la direction à ses deux acolytes William Nakache et Roland Attali, tandis qu'Edgard prend possession d'un cercle officiel de bridge du Boulevard Montmartre qui se transforme la nuit en salle de jeux, officiellement exploité par sa s½ur Lucienne. William, toujours plus discret, drive lui aussi vraisemblablement plusieurs flambes de la capitale.
 
Mais, passionnés de jeux et en pleine ascension, les Zemour visent plus haut. Leur ambition nouvelle c'est de mettre un pied dans les grands cercles de jeux officiels de la capitale, domaine réservé des clans corses. Deux barons surnagent alors dans ce domaine : Jean-Baptiste Andréani et Marcel Francisci. Et dans les années 60 rien ne va plus entre les deux chefs de clan. 


FAITES VOS JEUX !
 
Les Frères Zemour - Deuxième Partie : L'Ascension (1965-1972)Ces deux là ont de la bouteille et du métier. Jean-Baptiste Andréani, né en 1905 en Corse, fut propriétaire de maisons closes à Saigon, résistant sous l'Occupation, puis s'enrichit après la guerre dans le trafic d'or et de piastres en Indochine avant de partir s'installer à Paris au début des années 50 où il devient propriétaire en 1959 du Grand Cercle, rue de Presbourg près de l'Etoile, le plus huppé des clubs de jeux de la capitale dans lequel il est associé au caïd marseillais Antoine Guérini, au cousin de Paul Carbone Antoine Peretti, à l'ex-commissaire nouveau voyou Robert Blémant, au patron du club de foot le Red Star Albert Zenatti, et à Marcel Francisci, l'autre grand du jeu à Paris. Celui-là est né en 1919 à Ciamannacce. Engagé volontaire pendant la guerre, prisonnier, évadé, résistant, décoré, il nouera pendant cette période de solides amitiés gaullistes, mais aussi malfrates, notamment avec Jo Renucci. Après la guerre il donne dans le trafic de cigarettes et d'alcool à Tanger, entre dans le service d'ordre du RPF, adhère au SAC, devient conseiller général UDR de la Corse du Sud, et se lance dans les années 50, épaulé par ses quatre frères, dans le monde des jeux : il devient actionnaire du Mammelstein à Beyrouth, du River Club à Londres et du casino de Namur, contrôle les banques à tout va du casino de Nice et de Forge-les-Eaux, acquiert le Cercle Haussmann puis l'Avation Club aux Champs Elysées.
 
Quant à l'association dans le Grand Cercle entre les Andréani, Francisci, Guérini et compagnie elle ne tient pas bien longtemps, et vacille définitivement à partir de 1962, occasionnant quelques fusillades et surtout l'assassinat de Robert Blémant en 1965 qui entraînera la chute du clan Guérini à Marseille. Côté parisien la haine que Jean-Baptiste Andréani et Marcel Francisci nourrissent l'un à l'égard de l'autre laisse éclater une nouvelle guerre des jeux en 1967. En décembre de cette année deux poseurs de bombe, Roger Maracchini et Noël Renucci, meurent dans l'explosion des charges de plastique qu'ils destinaient à la villa de Francisci, lequel décide de répliquer subitement. La guerre se déplace alors à Ajaccio : en janvier 68 c'est le fidèle bras armé d'Andréani, Antoine Alfonsi dit Antunarella, qui est blessé de deux balles, puis quelques jours plus tard Dominique Nesa, un autre fidèle, échappe à un attentat. Le 21 juin, toujours à Ajaccio, le café Wagram avenue de Paris est mitraillé par six gangsters alors que se trouvent à l'intérieur trois frères Francisci qui s'en sortent tous indemnes, tandis qu'autour d'eux un homme ne se relève pas et six finissent à l'hôpital.
 
Bref la guerre bat son plein et c'est alors que les Zemour pointent le bout de leur nez. Ils vont d'abord aller proposer leur soutien en qualité d'alliés et de gardes du corps à Jean-Baptiste Andréani qui, méprisant ces gens arrogants et sans manière, les éconduit et préfère s'adjoindre l'aide des deux frères Panzani, Don Jacques et Xavier dit Jo, deux figures corses du Milieu parisien qui tiennent le Laëtitia à Pigalle. Les Zemour se rangent alors du côté de Marcel Francisci qu'ils ont rencontré par l'entremise de leur ami Joseph Khaïda, un très grand du monde des jeux qu'ils connaissent depuis l'Algérie - et dont on aura l'occasion de reparler. Un cousin, Sauveur Zemour, devient alors le garde du corps du Grand Marcel, tandis qu'Edgard et Gilbert sont vus de plus en plus souvent au Cercle Haussmann, intéressés vraisemblablement dans certains jeux de l'établissement. Jean-Baptiste Andréani préfère lui se mettre au vert et ne réapparaîtra que cinq ans plus tard à Paris, en 1973. Mais les auteurs de la fusillade du Wagram à Ajaccio qui a failli coûter la vie aux frères Francisci sont eux toujours aux premières loges, ce que Marcel ne peut supporter. C'est alors que les Zemour prennent les devants.
 
Les Frères Zemour - Deuxième Partie : L'Ascension (1965-1972)Le 3 octobre 1968 aux alentours de midi, François Andreani et Toussaint Giovanelli sirotent tranquillement un verre au café La Musardière avenue Carnot, à deux pas du Grand Cercle. Une voiture se gare alors à proximité, deux hommes restent à son bord tandis que trois autres entrent dans la café armes au poing en criant "police!". Ils fouillent vaguement les consommateurs et embarquent Andréani et Giovanelli qu'ils ont au préalable délestés de leurs armes et menottés l'un à l'autre. Mais à l'approche de la voiture Andréani a un doute et commence à se débattre, c'est la bousculade et les faux policiers abattent alors sommairement sur le trottoir les deux Corses de dix balles de 11,43 dans la tête. Dans le milieu l'affaire fait grand bruit, et selon Michel Ardouin c'est à ce moment-là que la "côte d'amour" des Zemour aurait véritablement explosée. Abattre ainsi deux gangsters corses redoutés en pleine journée sur une avenue ultra fréquenté, c'est qu'on n'est pas n'importe qui. Désormais le Milieu sait à quoi s'en tenir. Pendant ce temps la vendetta continue. Le 21 octobre c'est Ange Leca, autre participant à la fusillade du Wagram à Ajaccio, qui est abattu, et le lendemain deux physionomistes du Grand Cercle, Mathieu Mareschi et Antoine Cesari, sont blessés dans une fusillade rue Richer. Pour le ministre de l'Intérieur Raymond Marcellin s'en est trop. Il lance le 25 octobre des descentes dans les cercles de jeux et les tripots clandestins, et interdit toutes les salles de jeux de France à Andréani et Francisci. A la fin de l'année suivante les deux hommes arrivent à lever l'interdiction et début 1970 ils enterrent officiellement la hache de guerre afin de pouvoir mieux veiller à la bonne marche de leurs affaires respectives. Les Zemour, eux, se font gentiment écarter des affaires de Francisci, leur alliance ayant finalement amener plus de désordre que de bien fait aux affaires du Corse. Peu importe. Après l'élimination des Perret et le double assassinat de l'avenue Carnot les frères pieds noirs se sentent invulnérables et bénéficient d'une aura sans pareil dans la pègre. Ils se mettent à déborder très largement de leurs quartiers de prédilection et deviennent rapidement les plus gros protecteurs de tenanciers d'hôtels de passe de la capitale.
 
Leur équipe s'est en effet entretemps enrichit de nombreuses nouvelles gâchettes, presque tous juifs ou pieds noirs. L'union fait la force et cette force-là personne n'a envie de s'y frotter. On trouve désormais dans Les Frères Zemour - Deuxième Partie : L'Ascension (1965-1972)leurs rangs, en plus des Dadoun, Lehbar et autres Attali déjà cités, Claude Gragnon dit "P'tit Claude" né en 1940, dit aussi "le Balafré" en raison de la cicatrice qui lui barre le visage, Roland Lenoir dit Choukroune, né en 1941 et grand ami de Jean-Pierre Lehbar qui l'a fait entrer dans l'équipe, Joseph Elbaz né en 1946 et cousin de Roland Attali, lequel a également introduit un autre cousin, le jeune Jean-Claude Attali, surnommé La Puce en raison de sa petite taille et de son caractère incontrôlable, le petit Roger Bacry, un nerveux qui causera beaucoup de torts au clan, emmenant avec lui Marcel Barokhel dit Le Coréen, oranais né en 1931 qui connaîtra sa première condamnation à 15 ans pour violences sur représentant des forces de l'ordre, ancien du bataillon de Corée et gravement blessé dans un règlement de comptes en 1960, et encore quelques autres comme Robert Lévy, Albert Darmont, Joël Arfailloux, Jacques Amram ou encore Guy Attali.
 
Bref rien que du beau monde, certains étant entièrement dévoués à la cause des Zemour sous l'égide du chef William, d'autres ayant une fidélité un peu plus tangente comme on le verra. En attendant les Z sont au faîte de leur puissance, et commencent à tourner leurs ambitions vers l'étranger.

Les Frères Zemour - Deuxième Partie : L'Ascension (1965-1972)

 
AVENTURES ETRANGERES

Leur position désormais assurée à Paris et forts de la fidélité de nombreux voyous, en cette fin des années 60 les Zemour décident d'élargir un horizon hexagonal désormais trop étriqué. Et un pays qui a leur faveur c'est l'Allemagne et ses Eros Center, établissements légaux entièrement voués à la prostitution où les frères auraient vraisemblablement envoyé nombre de leurs protégées travailler, du côté de Munich, puis un peu plus tard également à Francfort, ville qui en compte alors près d'une quarantaine et où ont été vus à plusieurs reprises William et Edgard, ainsi que quelques membres de leur état-major - Roland Lenoir, Jean-Pierre Lehbar, Jo Elbaz, Albert Darmon et Guy Attali en l'occurrence. Fin 1969 Edgard prend la gérance à Londres du restaurant français Chez Victor et en profite pour monter quelques trafics avec le continent, pas toujours très discrètement : rapidement inculpé dans une affaire d'exportation de devises il est expulsé et interdit de territoire. Théodore-Dédé, l'aîné, entre tout comme ses frères au Fichier Central du Grand Banditisme en 1970. Un statut qui ne lui plaît guère et implique que tous ses déplacements soient dans la mesure du possible notifiés par les autorités, chose insupportable à cet homme attaché plus qu'aucun autre membre de la fratrie à la discrétion. Il part donc s'installer à Palma de Majorque avec ses deux femme illégitimes, Nièves Fernandez dont il a deux enfants et Yvette Falgayrac qui lui a donné une fille, et y acquiert le bar-discothèque Le Ringo, bien que toujours officiellement domicilié chez ses parents - ce qui sera le cas tout au long de son existence.

Mais la grande aventure que les Zemour tentent alors c'est celle d'Israël, la terre promise. Entre 1968 et 1970 Edgard y voyage quinze fois avant de s'installer en 1970 à Ashdod avec sa concubine Fernande et ses trois enfants. William vient le rejoindre peu après. Et la ville qui a leur faveur c'est Tel-Aviv, où domine le "gang des Yéménites", emmené par les frères Danokh, Shimson et Israël, spécialisés dans les jeux et le racket, bénéficiant de nombreuses protections. Ils ont en face deux concurrents de taille, un ancien de la bande prénommé Shem Tov Misrahi et l'équipe de Salomon Abu. C'est alors qu'ils auraient fait appel aux frères Zemour pour leur ôter ces deux épines du pied. Le 1e avril 1970 Shem Tov Misrahi est abattu de quatre balles tirées à bout portant à la sortie d'un club près de la place Allenby, tandis que Salomo Abu, étrangement abandonné par ses deux gardes du corps, est arrêté à deux pas de là par une patrouille de militaires parmi lesquels se trouve, toujours aussi étrangement, le propre fils de son ennemie Israël Danokh. Abu sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour ce règlement de comptes qui a tous les aspects du coup monté. Dans les cercles autorisés il se chuchote que ce seraient les Zemour qui auraient organisé le flingage, téléguidés par les Danokh. On verra d'ailleurs un peu plus tard les deux porte-flingues qui ont abandonné Salomon Abu équipés avec Edgard.

Entretemps avec son frère William ils se sont associés avec les trois frères Abitbol, Maurice, Jacques et Elie, juifs pieds-noirs du Maroc, proches du Milieu parisien, tenanciers d'un restaurant cannois et connus pour hold-up et vols. Avec les Z ils achètent un café-restaurant pace Malkhei-Israël qu'ils renomment le Vesuvio et qu'ils transforment en établissement très select. Mais les Danokh ne voient pas d'un très bon ½il cette installation qui risque de s'éterniser et, faisant jouer leurs appuis, font se multiplier les contrôles sanitaires et administratifs abusifs. Les Abitbol préfèrent alors prendre leurs distances et ouvrent de leur côté le Marakech. Edgard de son côté fait équipe avec les deux anciens associés de Salomon Abu, Georges Bismuth et Elie Meyzels, et commence de mettre la main par la force sur quelques établissements de la ville, notamment le réputé club Tiffany dont le patron Bernie Henson porte plainte pour tentative de racket.

Décidemment la présence de ces fratries françaises à Tel-Aviv n'est pas du tout du goût des Danokh. Fin '71 Jacques et Elies Abidbol sont arrêtés pour port d'armes dans ce qui a tout l'air d'un coup monté et début 72 ce sont tour à tour le Marakech, le Tiffany et le Vesuvio qui flambent. L'incendiaire présumé de ce dernier serait Ilan Ashrov, gangster notoire de 29 ans lié à la bande de Josy Laria. On parle d'une vengeance suite à une dette non honorée par les Zemour, d'un contrat liquidé pour les Abitbol qui auraient vu dans les Z les traîtres qui les auraient balancé, et enfin de la main des Danokh. Ilan Ashrov, lui, ne pourra jamais levé le voile du mystère : son corps est découvert dans les alentours d'Haïfa le 21 mars 1972, plombé de plusieurs balles de revolver. Tous les regards se tournent bien évidemment vers Edgard qui est interpellé puis expulsé d'Israël, tout comme William. Les autorités leur font bien comprendre qu'ils ne sont plus les bienvenues dans leur pays. Fin de l'aventure israélienne, retour aux affaires parisiennes. Dont ils n'ont jamais été absents en vérité, multipliant sans cesse durant ces deux années israéliennes les allers-retours avec la capitale française pour veiller à la bonne marche du bizness. 


Et celui-ci ne va pas tarder à causer de terribles combats. La tention avec les équipes ennemies, qui n'a cessé de monter tout au long de l'année 72, éclate définitivement en 1973 et va causer beaucoup de morts de part et d'autre dans une guerre impitoyable entre deux clans aux dents trop longues. C'est ce que nous verrons dans le prochain article qui va essayer de retracer le plus fidèlement possible les différentes étapes de ce conflit, qui s'étale sur trois années au total.

La suite : Troisième Partie - la Guerre des Gangs (1973-1976)


Légende : Gilbert Zemour entouré d'André Malraux et Michel Debré (photo 4), Marcel Francisci (photo 5), William Zemour (photo 7)
Tags : edgard zemour, gilbert zemour, william zemour, sion atlan, lucien sans bouboule, marcel francisci, jean-baptiste andreani, faubourg montmartre, belleville, grand cercle, cercle haussmann, Tel-Aviv
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#Posté le mercredi 02 septembre 2015 09:22

Modifié le lundi 14 mars 2016 17:54

Les Frères Zemour - Première Partie : Les Débuts (1945-1965)


Les Frères Zemour - Première Partie : Les Débuts (1945-1965)

C'est une drôle de fratrie que celle des Zemour. Issues d'une grande famille juive d'Afrique du Nord, comptant un nombre incroyable de cousins, cousines, oncles et tantes plus ou moins éloignés, ils seront cinq frères au départ de Sétif à venir fouler le pavé parisien, sa faune interlope, sa communauté pied noir, ses filles, ses flingues, sa pègre et ses embrouilles. Cinq frères au départ, un seul à l'arrivée. Les quatre autres succomberont à ce terrible virus qui fait tant de ravage chez ces messieurs les voyous : le flingage. Il faut dire que les Z n'auront pour leur part jamais hésité à distribuer leur bonne parole à coups de 11,43. Se faire une place au soleil de la voyoucratie parisienne se fait rarement en douceur, et celle que briguaient les frangins n'était pas des moindres, plus d'une rangée de dents raclant le parquet - ce en quoi la petite taille des Zemour n'avait rien à voir.
 
De Sétif au Faubourg Montmartre, du Faubourg Montmartre au Tout-Paris en passant par Munich, Londres, Francfort, Bruxelles, Dusseldorf, Palma de Majorque, Tel-Aviv, Fort-de-France, Montréal, Cayenne, Miami, il faut reconnaître que les frères ont de la ressource, donnant dans l'escroquerie, le proxénétisme, les jeux, le racket, le monde de la nuit, l'immobilier, mais ne touchant vraisemblablement jamais à la drogue (sauf peut-être Edgard à la fin de sa vie). Et laisseront dans leur sillage de nombreux cadavres, dans leurs rangs comme dans ceux de leurs ennemies, plus d'une quarantaine. En même temps, en presque trente ans de carrière malfrate ils se seront frottés tour à tour aux caïds de la communauté juive pied-noir de Paris, aux barons corses des cercles de jeux, à la pègre israélienne de Tel-Aviv, et aux redoutables gangs de la banlieue sud de Paris. Bref, une vie bien remplit et bien mal finie. Voyons donc ça de plus près, et commençons par le commencement : Sétif.

Les Frères Zemour - Première Partie : Les Débuts (1945-1965)

LE BERCEAU FAMILIAL

Les frères Zemour sont le fruit de l'amour d'un modeste couple de juifs algériens, Clairette Atlani et Raymond Zemour, qui occupe quelques fonctions à la synagogue de la ville. Leur premier enfant Roland né en 1925, suivit de Théodore dit Dédé en 1927, William dit Zaoui en 1930, Gilbert en 1935, Edgard en 1937, auxquels succèdent quatre filles : Adèle, Renée, Josette et Lucienne, nées entre 1938 et 1944. Cela fait beaucoup de bouches à nourrir pour cette famille pauvre, qui peut néanmoins compter sur la solidarité de la communauté et sur l'aide financière du père de Raymond pour s'en sortir. Une situation difficile que beaucoup d'autres Zemour, très nombreux dans cette ville, ne connaissent pas, plus fortunés que le noyau familial qui nous intéresse, ce qui aura le don d'aiguiser l'aigreur et le sentiment de revanche des cinq frères.

Très rapidement dans la cité Lévy (aujourd'hui cité Tlidjene), l'important quartier juif de Sétif, et malgré une éducation très religieuse, la fratrie se fait remarquer. "Ils étaient turbulents bien sûr, raconte l'ancien commissaire Raulin en 1985, et un peu agressifs. On dirait aujourd'hui que c'étaient des petits loubards". Dans l'étouffante bourgade qu'est Sétif les cinq frères tuent l'ennuie entre le café Chez Maklouf, tenu par un parent, et le select Café de France, rue Constantine, à jouer aux cartes et aux boules entre deux anisettes. L'école ils n'y restent pas longtemps et bricolent ici et là pour se faire quelques billets, le maire Brincat et le député René Meyer canalisant notamment leur énergie pour en faire des agents électoraux et des colleurs d'affiches efficaces. Gilbert est notamment connu pour ses coups de poings ravageurs depuis qu'il s'est lancé avec succès dans la boxe, tandis qu'Edgard fait office de tête brûlée depuis qu'un choc à la tête l'a rendu, selon sa famille, bagarreur et colérique, multipliant les bastons mémorables avec les Arabes de la ville. Côté professionnel Roland apprend le métier de mécanicien, suivit dans cette voie par Gilbert et Edgard, tandis que le futur chef de clan William devient coiffeur et que son aîné Théodore-Dédé part s'installer à Alger pour vendre des trousseaux. Du côté des filles Adèle épousera un artisan menuisier, Renée et Josette d'honnêtes employés, et Lucienne un homme qui partira rapidement vivre en Israël après leur rupture.

Les Frères Zemour - Première Partie : Les Débuts (1945-1965)Roland est le premier à partir pour Paris, en 1947, pour travailler comme mécano. Mais il va très rapidement se tourner vers la carrière plus lucrative et moins fatigante de proxénète, mais ô combien plus dangereuse : le 17 novembre 1947 il est abattu de plusieurs coups de feu rue Blondel par un concurrent mécontent. Comme un avertissement du destin envoyé à ses quatre cadets pour les avertir du funeste avenir qui les attend. Ils auront tout le temps de venger leur aîné, quelques années plus tard. En Algérie, après le massacre de Sétif en mai 1945 et la terrible répression qui s'en suit, la tension monte d'un cran jusqu'au déclenchement "officiel" de la guerre d'indépendance le 1e novembre 1954. La famille Zemour, qui a déjà vu trop de sang couler dans sa ville natale, décide elle aussi de partir pour la métropole. Théodore est le premier, en 1955, alors âgé de 28 ans, auquel succède Edgard, 19 ans, qui a trouvé un métier d'ajusteur-tourneur, suivit progressivement par toute la famille, les parents Raymond et Clairette s'installant d'abord à Saint-Denis puis dans un pavillon d'Ormesson.

Leurs fils, eux, se lancent presque immédiatement dans des activités peu recommandables. Et s'ils commencent petits, c'est qu'ils ne sont encore que des caïds en devenir. 


LE TEMPS DU BIDONNAGE

La grande spécialité des petits voyous d'origine israélite c'est alors le bidonnage, nombre de futurs grands bandits juifs faisant leur classe dans ce "modeste" bizness de petites arnaques. Les années 50 c'est en effet le temps de la relance économique, et la grande époque de la vente à domicile et des "tireurs de sonnette", la marchandise allant aux consommateurs plutôt que l'inverse, les grandes surfaces n'ayant pas encore pointé le bout de leur nez dans nos chères provinces. Pour les bidonneurs il s'agit donc de faire du porte à porte dans les coins éloignés des grands centres urbains et d'embrouiller le client potentiel en faisant passer des produits bas-de-gamme pour de la marchandise de première qualité afin de la vendre très chère, la confusion entre anciens et nouveaux francs aidant très souvent ces messieurs à mieux arnaquer leurs victimes. Derrière ces vendeurs se trouvent des entreprises qui les ravitaillent en marchandises, elles-mêmes approvisionnées par des fabricants bien souvent basés au Sentier, le célèbre quartier juif de Paris.

C'est dans cette optique que Théodore-Dédé fonde à Troyes une société dans laquelle il va faire collaborer ses frères, qui lâchent rapidement leur très courte carrière de travailleurs manuels pour embrasser celle de malfrat. Commençant dans l'arnaque aux trousseaux ils vont ensuite se lancer dans l'arnaque aux vins, plus rentable, branche dans laquelle ils feront des merveilles. Ils fréquentent à cette époque un modeste restaurant auvergnat rue de Trévise dans le IXe, Chez Baille,  où ils "lèveront" leurs premières conquêtes féminines et mettront ainsi un pied dans le monde du proxénétisme, maquant quelques filles ici et là, suiteLes Frères Zemour - Première Partie : Les Débuts (1945-1965) logique et presque obligatoire à cette époque dans une carrière de voyou digne de ce nom. Gilbert notamment aurait eu une gagneuse dans le midi et une autre à Grenoble, tandis que William protègerait une fille à Paris et une autre à Nevers. Mais le monde des maquereaux est, comme on le sait, un panier de crabes plein d'embrouilles, de jalousies et de coups fourrés. Edgard sera ainsi blessé de quatre balles de pistolet en 1961 sur les Champs-Elysées et Gilbert inquiété par la justice en 1963 pour une tentative de meurtre sur un yougoslave d'Aubagne, Simic Jacov, tandis que Théodore est arrêté armé la même année au même titre qu'Edgard en 1959 et 1960. C'est que dans ces premières années un peu timides les petites condamnations pour escroquerie, vol et proxénétisme pleuvent sur les quatre frères : entre 1955 et 1960 Gilbert est condamné deux fois, Dédé quatre, Edgard trois tandis que William passe devant huit tribunaux à travers la France. On les voit également faire les colleurs d'affiches et les agents électoraux pour les Gaullistes, aux côtés notamment du petit Roger Bacry qui deviendra un de leurs lieutenants et dont on reparlera, et fréquentent le SAC, la police d'état de Charles De Gaulle (leur avocat est Pierre Lemarchand, recruteur officieux de barbouzes anti-OAS), pour qui ils donnent quelques coups de main. Et surtout, seize ans après son assassinat ils vengent enfin leur frère aîné Roland en 1963 : cette année-là son meurtrier présumé, un certain Filippi, proxénète sexagénaire, est retrouvé mort sur la route de l'Estérel à Nice.

Bref, petit à petit les Z commencent à faire parler d'eux. Et dans le quartier qui a leurs faveurs, le Faubourg Montmartre, fief de la communauté juive pied noir de Paris, ils commencent à devenir des figures incontournables. Mais il y a déjà là des hommes bien en place. Plus pour longtemps. Et les Zemour sauront saisir avec brio les opportunités qui vont s'offrir à eux. 

Les Frères Zemour - Première Partie : Les Débuts (1945-1965)

LE FAUBOURG MONTMARTRE
 
Le rapatriement des Français d'Algérie va voir essaimer à travers toutela France de nombreux groupes de pieds-noirs, dont bon nombre de juifs qui iront se fixer à Paris, principalement dans les quartiers de Belleville et du Faubourg Montmartre où la communauté a des attaches depuis longtemps, y reconstituant l'ambiance chaleureuse et animée du pays natal. Et parmi ces inconsolables nostalgiques de l'Afrique du Nord, une frange a choisit la voyoucratie pour seconde patrie, avec comme secteurs de prédilection comme on l'a vu le bidonnage, et bien sûr le proxénétisme.
 
L'homme qui domine tout ce petit monde dans le quartier du Faubourg Montmartre, en plein coeur du IXe, c'est Sion Atlan, né en 1929, accompagné de son frère cadet René et de quelques cousins, tous originaires de Batna. Les cinq autres frères du bonhomme ont eux officiellement embrassé des carrières tout à fait honnêtes de cafetier, de boucher ou de grossiste en volailles, mais en réalité lorgnent bien souvent sur le proxénétisme et épaulent leurs aînés dans leurs activités délictueuses. Juge de paix respecté de la communauté, réglant les problèmes privés en interne en faisant jouer de son aura pour calmer les ardeurs des uns et des autres, Sion s'est fait avec son équipe une spécialité de la "protection" des commerçants du Sentier et du faubourg, tout en donnant bien évidemment dans le "pain de fesse", le classique du Milieu d'alors. L'autre redoutable fratrie du quartier c'est celle des Perret, dit les "demis-juifs". Ils sont trois, Marius, Clément et Gilbert, avec en arrière plan la force faite femme en la personne de Léonie Benaïne, dite "La Mère Léo", leur génitrice et véritable matrone du clan qui a d'ailleurs servi pendant la guerre dans l'armée américaine. Remuants et vindicatifs, les Perret se sont eux spécialisés dans la protection des fournisseurs de vins et spiritueux, fréquentant la célèbre bande des Trois Canards, tenant notamment le Bar des Cornouailles rue des Martyrs et La Romance rue Pigalle. On trouve dans leurs rangs de beaux mecs comme Ben Loulou dit La Volige, oranais proprio de l'hôtel de passe le France-Italie rue Saint-Denis, Lucien Sans dit Bouboule, un basque bagarreur qui fréquente le gratin pied-noir, corse et sudiste, spécialiste du vol de voitures connu pour plusieurs casses, pour proxénétisme et pour avoir bossé avec le SAC, mais aussi les frères Fouillat, Ninan Perrier, Michel Laurent, Roger Ferrand, Jean-Claude Flershinger et Séraphin Meacci. Pour l'instant l'équilibre des forces tien comme il peut, les frères Atlan et les frères Perret étant même associés dans l'exploitation d'un commerce d'alcools dans le quartier de la Madeleine.

Dans cette univers les Zemour se sentent comme des poissons dans l'eau. C'est à cette époque, dans la première moitié des années 60, qu'ils entrent dans le sillage des frères Atlan. Et les quatre frères partagent déjà la passion commune qui les unie : celle, dévorante, des jeux. On les voit ainsi écumer les tripots clandestins du quartier, les "flambes" comme on les appelle, ainsi que ceux de Belleville, y dilapidant des nuits durant l'argent du proxénètisme et des arnaques. Ils y fréquentent toute la faune malfrate de la capitale, se faisant connaître, nouant contacts et amitiés, nourrissant les premières inimités. C'est à cette époque que Gilbert, qui malgré une carrière de voyou bien remplit cherchera toujours à se fabriquer une façade d'honnête homme, se considérant plus comme un affairiste chassant les bons coups à la limite de la légalité que comme un gangster, achète le restaurant l'Assiette Carrée rue dela Fidélité dans le Xe, spécialisé dans la cuisine orientale et provençale, et qui deviendra le QG de l'équipe. Le véritable chef du clan c'est alors Willam aka Zaoui. La place revenait avant à son frère Théodore-Dédé, le très secret aîné des Z, mais depuis la fin de la période bidonnages en 1963 il a pris ses distances avec le Milieu, bien qu'il soit toujours là pour épauler les siens en cas de coup dur et qu'il continue d'arpenter les tapis de jeux parisiens. C'est donc au charismatique William de tenir les rennes de la fratrie, homme discret qui aura vécu toute sa vie dans une quasi-clandestinité, ne possédant absolument rien en son nom propre, ni domicile, ni automobile, ni compte en banque. Il vivra d'ailleurs une éphémère liaison avec Marie-Christine Guérini, la fille de Barthélémy Guérini, figure du célèbre clan corse qui régnait alors à Marseille. Une autre preuve des liens noués par le chef pied noir avec la cité phocéenne sont les intérêts qu'il détient dans le Pourquoi, un tripot clandestin proche du Vieux Port qu'il tient en sous-main, y associant des marseillais corses, juifs et arméniens. Le plus jeune des Zemour, Edgard, est quant à lui d'une autre trempe que son aîné, colérique et démonstratif, une tête brûlée redoutée pour ses coups de sang explosifs. C'est autour de ce noyau familial que se forme un premier cercle de fidèles : il y a là les deux frères Spighel - Richard qui est un voyou pur et dur et qui mourra d'une tumeur au cerveau à la fin des années 60, et Izi qui va rapidement se tourner vers le monde de la nuit dont il deviendra une figure importante, vivant sept années durant avec la chanteuse Annie Philippe et ami intime d'Alain Delon-, Roland Attali né en 1937 à Constantine et arrivé en France à vingt ans, passionné de bijoux, d'armes à feu et d'automobiles, Raphaël Dadoun dit "Yeux de Velours", juif marocain très "réglo" connu pour sa participation au célèbre braquage de la bijouterie Colombo à Milan en 1964, Jean-Pierre Lehbar né en 1930 et grand ami de William, officiellement gérant d'un pressing, et encore quelques autres.

En attendant, tout ce beau monde s'active tranquillement dans le monde merveilleux du proxénétisme et de ses hôtels de passe, en très bonne entente avec le clan Atlan tandis qu'avec les Perret on se regarde en chien de faïence. Mais l'équilibre se fissure en 1965, durant ce mois d'octobre qui voit Sion Atlan se faire abattre par une équipe inconnue. Les Zemour vont enfin pouvoir en profiter pour prendre leur envol après déjà dix ans de "petits métiers" dans le Milieu.  


Bientôt la deuxième partie, où l'on verra comment les Z vont s'adapter à la nouvelle donne dans le quartier et vont véritablement débuter leur ascension, se frottant par la suite aux Corses des cercles de jeux puis aux caïds de Tel-Aviv, diversifiant et internationalisant leurs activités. 

Les Zemour Partie 2 - L'Ascension (1965-1972)
Les Zemour Partie 3 - La Guerre des Gangs (1973-1976)
Les Zemour Partie 4 - La Fin du Clan (1976-1982)
Tags : zemour, edgard zemour, william zemour, gilbert zemour, sétif, faubourg montmartre, sion atlan
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#Posté le dimanche 23 août 2015 08:02

Modifié le lundi 14 mars 2016 17:52

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